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5 novembre 2014,

L’opportunité m’est donnée de participer à un Apéropol  concept imaginé et maintenant organisé pour la cinquième fois en quelques mois par Philippe Moreau Chevrolet et Grégoire Kopp. L’objectif de ces rencontres converge vers un retour d’expérience de professionnels (conseillers en communication, journalistes politiques) issus du sérail de la communication politique. Les échanges se poursuivent ensuite avec les participants (communicants, étudiants, journalistes, universitaires, écrivains).

Les personnalités du jour: Gilles Boyer (Proche conseiller d’Alain Juppé) et Françoise Fressoz (Journaliste politique au Monde) abordent donc les come-back en politique avec une attention particulière portée à la carrière d’Alain Juppé.

« Les come-back politiques: une tradition française »

Françoise Fressoz nous rappelle que revenir en politique après une ou plusieurs expériences reste une tradition française. Le point de comparaison est d’abord pris avec l’Allemagne dont les carrières politiques pérennes annihilent les come-back. Vient ensuite le cas des Etats-Unis qui se distinguent par un format de dynasties familiales (Kennedy, Bush, Clinton) qui amène le politique à transmettre son flambeau plutôt que de tenter de le rallumer.

Le come-back politique ne s’applique pas ici à Nicolas Sarkozy qui selon Françoise Fressoz  « n’est jamais parti et n’a, selon lui, pas perdu la présidence ». Les messages subliminaux envoyés par l’ancien Président durant les deux premières années du quinquennat Hollande (Communications sur les réseaux sociaux pour tenir en haleine sa base militante, Rencontre avec Vladimir Poutine pour endosser la fonction présidentielle à l’international…) l’attestent. L’usage du mot retour le concernant semble ainsi biaisé. On peut le constater à la lecture du sondage Odoxa/LeParisien dans lequel 75% des 1006 sondés qualifient son retour de raté.

Le come-back peut être un moyen de nourrir le fantasme et spéculer sur le retour d’improbables bannis politiques. Le cas de DSK interpelle les participants et conduit nécessairement à interroger nos « professionnels de la profession » (Coluche ne reviendra pas hélas). Si un récent sondage TNS/Sofres confirme l’ambivalence des français à son égard « il n’envoie aucun message qui pourrait accréditer la thèse d’un retour » souligne Françoise Fressoz.

D’autres tentatives de retours plus ou moins sérieuses peuvent être évoquées (Giscard, Jospin,…) la présence de Gilles Boyer, proche conseiller d’Alain Juppé conduit naturellement à évoquer l’ancien Premier Ministre.

« L’opinion est en quête d’expérience »

Au-delà de la ressemblance physique avec Alain Juppé, Gilles Boyer revendique sa fidélité idéologique au Maire de Bordeaux  « Je suis en adéquation avec la cause que je défends ». Il souligne par là même que « la relation humaine est forte en politique » ce qui humanise la perception de la communication politique parfois négative.

A la récurrente réserve sur l’âge, il répond qu’actuellement  « L’opinion est en quête d’expérience » et « qu’attaquer quelqu’un sur son âge ne marche pas » voilà pourquoi, selon lui, les 69 ans de son challenger ne constituent pas un frein à son ambition présidentielle. Un des atouts d’Alain Juppé se mesure également à « la singularité de ne vouloir faire qu’un mandat » ce qui présente l’avantage de s’investir dans la fonction « 60 mois pleins » sans rentrer en campagne de réélection  lors de la dernière année de quinquennat.

Le duel avec Nicolas Sarkozy pour l’investiture UMP est, selon Gilles Boyer, fabriqué par les médias dans une logique de Storytelling. C’est d’ailleurs sous la présidence de Nicolas Sarkozy qu’Alain Juppé bénéficie de l’image positive dégagée par la fonction de Ministre des Affaires Etrangères. Ce passage au Quai d’Orsay booste sa notoriété jusqu’à apparaître aujourd’hui comme l’une des personnalités politiques préférées des français.

Gilles Boyer aborde la visibilité médiatique d’Alain Juppé avec transparence. La participation à l’émission des Paroles et des Actes sollicite la capacité d’endurance et la maîtrise de sujets variés face à des interlocuteurs souvent experts. Ces fortes exigences expliquent l’ouverture émotionnelle du politicien en fin d’émission. A l’inverse l’interview fil rouge dans les rues de Bordeaux lors de Conversation Secrète ne présente pas de risques majeurs pour Gilles Boyer « Denisot c’est comme Drucker, c’est gentil ».

Le web social n’est pas en reste, Gilles Boyer rappelle qu’Alain Juppé reste l’un des premiers hommes politiques français à avoir utilisé un blog. Il lui arrive également de tweeter directement en complément d’un community manager dédié.

Voilà quelques éléments qui nous permettent de décrypter le thème du come-back en politique. Le partage d’expérience de Florence Fressoz et Gilles Boyer démystifie la communication politique. Je reviendrai sur ce thème à travers les rendez-vous de ces prochaines semaines.