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Vendredi 05 juin 2020 : à la suite de l’article consacré aux groupes Facebook Locaux qui évoque le fonctionnement de Pantin Family, un groupe Facebook local associé à la ville de Pantin et à ses alentours, je contacte Elisa Palmer, l’une de ses co-fondatrices. La force des réseaux sociaux réside aussi dans leur complémentarité avec les moyens de communication traditionnels. L’interview se déroule par téléphone.

Comment vous est venue l’idée de créer Pantin Family ?

Elisa Palmer : En 2018, suite à un congé maternité, j’ai 4 mois devant moi et je souhaite faire quelque chose pour m’investir dans la ville de Pantin, une ville dans laquelle je vis depuis 2016. A cette période, j’écris pour Bonjour Pantin, un média local et Pierre, son fondateur, me fait part de l’idée de sa compagne Diane de lancer, elle aussi, une initiative afin de s’investir dans la ville. Pierre nous soumet l’idée de lancer un groupe Facebook.

Nous fédérons d’abord notre communauté par un rendez-vous hebdomadaire chaque vendredi matin

Nous réfléchissons à un nom facilement mémorisable et nous nous mettons d’accord sur le nom de Pantin Family. Nous fédérons d’abord notre communauté par un rendez-vous hebdomadaire chaque vendredi matin (sortie à la bibliothèque, balade dans la ville, sortie au cinéma etc.). Peu à peu le groupe s’étoffe, les nouveaux membres proposent de nouvelles modalités d’échanges : trocs, recherche d’emplois, recherche de baby-sitter etc.

Pourquoi avez-vous choisi le groupe Facebook comme espace pour lancer votre initiative ?

Elisa Palmer : l’espace correspond à la cible. Nous souhaitons rassembler La Famille dans le sens le plus large et le plus noble, c’est à dire les personnes qui s’inscrivent dans une idée de famille : « j’ai un enfant », je fais partie de la cible Pantin Family, « je suis grand-père », je fais partie de la cible Pantin Family, « je suis baby-sitter, je garde des enfants » je fais partie de Pantin Family etc. Il s’agit de toutes les familles possibles, non pas papa-maman et les enfants stricto sensu : c’est les tantes, les grands-parents, l’enseignement, l’éducation etc.

Combien de temps passez-vous dans le groupe pour l’animer, publier du contenu, le modérer ?

Elisa Palmer : nous faisons comme nous pouvons tout le temps 🙂  La force de Pantin Family réside en la complémentarité de nos 5 expertises, Diane est sur la partie évènementiel, Camille se porte sur les questions d’enseignement et la maternité, Tiphanie est une ancienne journaliste qui est très  transversale, Delphine gère la comptabilité et je m’occupe de la communication, des relations presse  et de la modération. Dans les profils nous nous complétons assez bien. Depuis la mi-mars, nous sommes aidés par une trentaine de bénévoles qui s’emparent de certains sujets comme l’humanitaire, le numérique, la communication etc. Depuis le début de la crise sanitaire, nous avons fait plein de choses car en termes d’énergie et d’idées nous avons reçu plein d’aides, c’est extrêmement positif.

Ce groupe est donc aussi une association ? 

Elisa Palmer : oui depuis mars 2019 nous sommes une association, nous avons créé le groupe Facebook en août 2018 puis l’association 6 mois après.

Comment vous situez-vous par rapport à d’autres outils de communication publique comme le magazine municipal ? 

Elisa Palmer : aujourd’hui je donne beaucoup de crédit aux communautés qui sont de nouveaux médias, il n’y a pas de publicité cela fonctionne par recommandations, il y a de l’authenticité et de l’honnêteté. J’aime l’idée de cette communauté qui devient un nouveau média. Dans le côté communauté solidaire, il y a aussi « faire attention à l’autre », nous évoluons dans un écosystème complémentaire avec des médias locaux comme Bonjour Pantin et le magazine municipal Canal, qui ont d’ailleurs plusieurs fois soutenu nos actions par des publications. 

Comment travaillez-vous la modération ? 

Elisa Palmer : même lorsque nous établissons des partenariats nous le précisons : nos groupe Facebook ne sont pas des espaces de publicité, néanmoins dans une perspective « bons plans » nous autorisons les partages d’annonces du type : « j’ai 2 places pour un concert, je suis malade et je ne peux pas y aller ce soir » je peux le poster sur le groupe « je vends mon logement car je déménage », je peux le poster dans le groupe etc.

nous n’appliquons pas des règles de manières autoritaire, nous nous adaptons en fonction des circonstances

Lors du confinement nous avons élargi notre tolérance aux messages commerciaux afin d’aider les commerçants les plus touchés en leur laissant un espace d’expression pour évoquer leurs produits. Nous sommes sur un système solidaire, nous n’appliquons pas des règles de manières autoritaire, nous nous adaptons en fonction des circonstances.

Comment cette solidarité se traduit-elle au niveau des adhésions à l’association ?

Elisa Palmer : nous voulons toucher tous les quartiers. Nous avons lancé une adhésion dès 3€ pour les quartiers prioritaires et à partir de 9€ pour les autres quartiers. Des systèmes de parrainages existent également. Nous allons également offrir des bons d’achats chez nos partenaires pour les offrir à celles et cela qui se sont engagés durant le confinement notamment en cousant des masques.

D’autres villes sont-elles intéressées par votre démarche ? 

Elisa Palmer : Nous avons été sollicitées par 7 villes pour monter des annexes de type « ville Family ». Nous avons pour perspective de structurer la démarche comme un modèle social : dans un village, dans une ville ou à l’étranger avec des connexions entre les différentes communautés. Nous sommes en train d’évoquer les questions de propriété intellectuelle afin de pérenniser le modèle.

Serait-ce une forme de jumelage numérique qui verrait le jour ?  

Elisa Palmer : Oui 🙂

Seriez-vous prêtes à réaliser des collaborations avec Facebook, comme le groupe Wanted bons plans qui a bénéficié d’un programme d’aide conséquent ?  

Elisa Palmer : Nous ne sommes pas toutes d’accord, des voix sont indécises, des voix sont pro Facebook, me concernant je suis plutôt dans l’envie de proposer autre chose. Lorsque l’on parle  éthique, le rôle de Facebook pose de nombreuses questions. Nous croisons des gens qui ne veulent pas adhérer au groupe car ils s’opposent aux valeurs de Facebook.

Certaines opinions politiques se manifestent dans le groupe, qu’en pensez-vous ?

Elisa Palmer : Nous sommes apolitiques c’est une de nos valeurs afin que tout le monde puisse adhérer librement au groupe. Sur Pantin Family nous parlons de la famille et des solidarités.

Qu’attendez-vous de l’équipe municipale ?

Elisa Palmer : Durant ces 20 mois, ils ont été présents, ils nous ont aidé en nous prêtant des salles. Lorsque avons organisé une grande opération de nettoyage de la ville, ils nous ont également aidé tout comme la collectivité de commune Est Ensemble notamment à propos du parcours. Nous avons de bonnes relations avec la Mairie, avec certains services plus que d’autres 🙂

le fonctionnement d’une communauté dépend de l’altruisme de ses membres

Certains sont venus à notre rencontre, ils ont pris du temps pour venir nous rencontrer. Une personne de la Mairie m’avait d’ailleurs fait part du fait que la communauté ne peut pas toujours se reposer sur les mêmes têtes que parfois on attend trop de Pantin Family, le fonctionnement d’une communauté dépend de l’altruisme de ses membres.

Comment voyez-vous Pantin Family dans 2-3 ans ?

Elisa Palmer : si nous avons 4-5 « villes Family » qui fonctionnent nous serions très heureuses, certaines nous ont demandé un livre blanc. Nous avons également conscience que tout le monde n’est pas à l’aise avec les outils numériques. En termes de projection, nous souhaitons que ce modèle social puisse se dupliquer dans d’autres villes.

nous n’avons pas le dernier mot

Néanmoins, il y a encore quelque chose qui relève du laboratoire chez nous, nous pouvons changer les règles, les modifier. Nous n’avons pas le dernier mot. Si demain, nous arrivons à trouver un moyen de gagner de l’argent couplé avec des subventions et que nous pouvons créer un emploi à Pantin nous seront ravies.